0. Asnierois Splendor

Ceci est un journal. Ça n'a pas grand intérêt et chacun se fichera pas mal de ce que j'y dirais. Je le fais pour moi, confidentiel, avec ça de possible et de prétentieux de le mettre là, accessible. Juste pour dire que ça existe et faire semblant que, qui sait ? l'on se souciera peut-être de mon sort idiot. Je ne dis pas triste sort puisque c'est plus bête que triste. C'est juste présent. C'est juste moi qui signerais par gentille défiance "the real postponer", le mec qui remets toujours à demain ce qu'il aurait pu vingt fois faire avant hier. Ça fait des jours longs à tuer le temps, à remplir le vide avec un peu plus de vide. Ça fait que je me sens vieux, alors que pas tant. Ça fait que les jours passent et que je suis toujours là. Ça fait qu'on attend de moi tellement et que comme un bel idiot je n'en fait pas tant.

Ici, alors, c'est comme l'annexe et/ou le supplément du DVD de mes rendez-vous chez ma psy. C'est moi et mon stupide petit corps molasson qui cherche à comprendre une chose sur moi. Et ça, c'est évident, tout le monde s'en fiche. C'est tant mieux. Ce qui aura de l'intérêt sera le jour où je cesserai enfin d'alligner des mots, de jouer à l'écrivain et où, hop, je ferai autre chose. Autre chose de vrai et de les pieds sur terre. Pas une image, pas une métaphore débile, je veux dire : les pieds sur terre, pour de bon. Je veux dire affrontant les défis de chaque jour comme les démarches administratives. Tu trouves ça trop laid ? C'est de l'ennui morose à plein nez ? Je vais te dire, pour moi, les vrais héros, c'est ces gens qui arrivent à rendre leur déclaration d'impôt dans les temps. Ceux qui font pas toujours et tout le temps tout à la dernière minute.

Ça c'est donc le journal de moi - encore et toujours le même idiot moi - qui essaye de comprendre, avec ses deux neurones pourquoi, pourquoi je remets tout toujours au jour d'après.